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Festival de Marseille

Extrait

Moving Earths

« Je voudrais que vous ressentiez ce que ça fait de se trouver en face d’une révolution dans la conception de la terre. Ce que ça fait à l’estomac, aux tripes, au portefeuille, à l’esprit, à l’intelligence, à la morale ; au goût comme au dégoût de vivre, à l’espoir de s’en sortir. (… ) Imaginez un peu qu’on vienne vous dire que le monde où vous pensiez vous situer ne ressemble en rien à celui que vous imaginiez.

Vous étiez là tranquillement entouré d’objets aux formes bien délimitées, une bassine, une table, une chaise, une serviette, chacune bien séparée des autres, se tenant à l’écart l’une de l’autre, et toutes ensemble insérées, comme dans un tableau, à l’intérieur d’un espace indépendant d’elles ; et vous, vous êtes là, devant ce spectacle des objets commodes et bien découplés qui ne se meuvent que s’ils sont poussés ou tirés.

Vous avez dans la tête tout un ensemble de pensées profondes ou superficielles, et vous vous sentez bien distinct de tout cet assemblage de choses, à la bonne distance, encore une fois comme devant une toile. Vous voyez peut-être dehors les feuilles d’un arbre, les nuages que le vent fait passer dans le ciel, un chien qui remue la queue, le contour d’une montagne, mais eux aussi sont à la bonne distance, objets parmi les objets, tous insérés dans l’espace infini, tous distinctement peints, comme dans une peinture de Vermeer.

Et voilà que peu à peu les choses se compliquent. Vous rendez-vous compte de ce qui se passe ? Les animés ne se tiennent plus à côté l’un de l’autre, mais ils commencent à se superposer, à baver l’un sur l’autre, à se mêler, s’entrelacer. Ces belles et profondes pensées, que vous vous sentiez avoir, c’est tout un milliard de bactéries et de phages divers, dans vos différents intestins qui vous autorisent à les maintenir. Le paysage se défait ; le tableau s’efface.»

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