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Festival de Marseille

NOTE D'INTENTION

LATIFA LAÂBISSI

"Pièce pour 4 interprètes, White Dog est une tentative de défaire le dressage de nos regards et de nos ressentiments. Contournant la violence et le bruit médiatique des débats, White Dog rend hommage à la stratégie du marronnage, pour déjouer le piège de nos diverses attentes. Convoquant les motifs chers à Latifa Laâbissi (le camouflage, l’ingestion, la figure toxique), la méthode de White Dog sera celle, puissante, de la fuite et de la fugue comme forme de lutte poétique. Un pas de côté, un mouvement de recul, une esquive ou encore une torsion pour entrer le temps d’une ronde, dans un lore sans folk à 4 corps, dans une polyphonie de figures composites et entrelacées, afin de passer les frontières et d’éviter les ornières de nos assignations. Il s’agit de se construire, non pas contre mais avec l’autre, ou tout contre lui, car c’est véritablement de partage et d’hybridation qu’il est question dans cette mêlée de corps. Se saisir de la vitalité minoritaire, pour l’extraire du silence tout autant que de l’affrontement binaire polémique, par l’« entrée en clandestinité d’une communauté d’indociles » et faire émerger des « communautés lianées 1 ». Dans White Dog, il n’est plus tant question de nous mettre face à nos propres clichés que de dés-identifier et de dés-assigner les rôles. Cette stratégie de la fuite et du lianage induit une esthétique de la forêt et du tissage dans tout leur potentiel sémantique, comme un « ensemble de lignes et éléments qui recouvrent l’homme d’un treillis végétal du maquis pour convoquer la résistance 2 ». La scénographie de Nadia Lauro intervient comme une activation possible, une traduction plastique et tactile du lien, de la liane, du réseau interlope qui se joue des codes, comme du devoir ou du narcissisme de la reconnaissance."

 

“En ces temps sombres, où prolifèrent les dispositifs de contrôle, les résistances se doivent d’être furtives, ponctuelles, fractales — tout sauf frontales”
(Dénètem Touam Bona)

 

 

1. Latifa Laâbissi emprunte la notion de lyannaj à Dénètem Touam Bona, qui nous fait voyager de la langue bretonne aux créolisations du langage aux Antilles. « Lyannaj..., ce geste technique essentiel à l’exploitation, à la dépossession, à la vampirisation des corps esclavagisés est devenu dans les Antilles françaises, par un étrange renversement, l’expression la plus puissante de la solidarité, de la créativité, des liens qui nous libèrent »,
in TOUAM BONA Dénètem, « Lignes de fuite du marronnage. Le “lyannaj” ou l’esprit de la forêt », Multitudes, vol. 70, no 1, 2018, p. 177-185.
2. Ibid.