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Festival de Marseille

Note dramaturgique

« À l’orée du XXIe siècle, le mirage d’un âge d’or, utopie d’une abondance accessible à tou.te.s et infinie, conserve un fort pouvoir d’attraction. Un printemps perpétuel qui semblait à portée de chacun.e le temps des Trente Glorieuses. Dans les pays industrialisés tout au moins, cette période d’émancipation des peuples a vu l’émergence d’une vaste classe moyenne générant une richesse inédite. Mouvement global nourri par la généralisation du salariat et le développement de la consommation de masse ainsi que de la société de loisirs. Dans L’Âge d’or, nous interrogeons certaines des forces qui nous meuvent, nous déterminent au quotidien. Ceci au travers de trois visites- performances guidées où les spectateur.ice.s sont invité.e.s à réaliser un parcours dans des bureaux, un centre commercial et une banque à la manière de balades touristiques sur un site archéologique. Ces espaces fonctionnels, quasi invisibles dans les villes, échappent souvent à notre attention et ne sont que rarement pris comme objets. Ces lieux condensent pourtant des idéaux dominants de notre époque. En partant de l’architecture de ces bâtiments ubiquitaires – que l’on retrouve dans toute ville – chaque visite-performance compose le volet d’une trilogie. Ce triptyque étant conçu comme une exploration de certains des dispositifs du salariat, de la consommation et de la finance. Les chemins tracés restituent par couches successives des bribes de l’épaisseur historique de ces endroits, la manière dont ils agissent sur nous et ce qu’ils suggèrent de l’organisation de nos sociétés.


Le pouvoir par les lieux
Le pouvoir constitue le fil conducteur des trois visites-performances guidées. Nous nous attachons à « faire parler les murs » et à opérer des liens entre forme, fonction et usages du bureau, du centre commercial et de la banque. Dans chaque endroit, nous partons de l’architecture et de l’aménagement du bâtiment choisi pour recomposer puis déconstruire les univers sociaux que le lieu accueille, délimite, active ou régule. Tel que pensé, l’espace agit d’une manière particulière sur nous. Quelles idées à la croisée entre architecture, design, technique et management les ont façonnés ? À quelles fins ? Comment celles-ci prennent vie en nous sans que l’on n’y prête forcément attention ?


Visite-performance guidée pour forme théâtrale
Que faisons-nous lorsque nous participons à une visite guidée d’un objet patrimonial ou de ruines ? L’activité peut être appréhendée comme un exercice où l’humain se prend pour objet et s’observe au travers des vestiges laissés par ses prédécesseur.se.s. Développée en masse avec le tourisme au cours de la deuxième partie du XXe siècle, la visite guidée consiste souvent, dans le contexte vacancier, à scruter la grandeur de temps passés. À flatter des figures locales et, ce faisant, à reproduire des histoires officielles et à renforcer des mythes. La forme de la visite, qui est une dramatisation de l’exploration, peut aussi être le moyen d’adopter une distanciation ludique, de « touriste », vis-à-vis de nos vies, un pas de côté. En amenant le théâtre dans un lieu qui n’est a priori pas prévu pour le drame, nous proposons une traversée de mises en scènes de la vie quotidienne et nous interrogeons les lieux de la fiction. C’est l’une des interrogations transversales de la visite-performance guidée proposée ici : « où se situe la fiction ? » Dans le personnage du guide ? Dans la situation de la visite ? Dans les mythes que concrétise le lieu visité ? Ou dans l’Histoire plus large égrainée le long du parcours?


Visite et performance
Les trois parcours théâtralisés conviennent à un double décentrement, car la visite, en plus de tisser une narration par la parole, convie le public à la réalisation d’une suite d’actes tout au long du trajet. Ce second fil, performatif celui-ci, raconte l’intelligence et la violence de ces lieux dans leur qualité de dispositifs. La performance expose ainsi les spectateur.ice.s aux disciplines associées à cet âge d’or promis, fantasmatique et idéologique, et invite à une observation participante qui nous remet au centre du jeu… »

 


Igor Cardellini et Tomas Gonzalez

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