Ni illustration ni commémoration, la pièce tord le cou à la désespérance dans un moment de transe intense, prélude à la chute et à la mort. Un requiem païen chorégraphié sur une partition originale du compositeur grec Angelos Liaros-Copola pour faire triompher la grâce sur la barbarie et transcender la mort par la beauté. Entre pulsion techno et tristes sons du glas. La pièce de Michel Kelemenis, au titre en forme d’oxymore, explore les chemins vers la sublimation en emportant les sept superbes interprètes dans une succession de vagues émotionnelles, de vibrations intenses. De tableaux vivants en clairs-obscurs. Fort·es dans leur combat ou lâchant prise parfois, les danseur·ses communient, s’épaulent, font communauté dans un même mouvement incandescent. À la tension musicale répond la tension des corps que rien ne semble arrêter, sauf quand les regards se figent. Quand la lumière interrompt le mouvement pour laisser place au noir. Sobre, efficace, COUP DE GRÂCE « s’épargne les détours par le pathos pour demeurer dans la dépense vitale ». Dix ans après le drame des attentats de Paris, sa force intacte convoque notre mémoire.